.: Les droits de l’intelligence artificielle (IA) :.

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Le besoin d’un droit de l’homme et de l’IA

Le besoin d’un droit de l’homme, hier et aujourd’hui :

Au fur et à mesure des évolutions sociales, politiques et économiques, l’humanité a compris qu’il fallait codifier ces droits afin qu’ils soient accessibles à tous, partout, et qu’ils soient préservés à travers le temps.

L’histoire des Droits de l’Homme est une évolution fascinante qui reflète les luttes de l’humanité pour la dignité, la liberté et l’égalité :

1. Les fondations philosophiques et religieuses :

Antiquité :

  • Code d’Hammourabi (1754 av. J.-C.)
    L’un des premiers ensembles de lois écrites, qui établit des règles pour protéger les citoyens, réguler la justice et garantir une société ordonnée.
  • Cyrus le Grand (VI siècle av. J.-C.)
    Cyrus II, fondateur de l’Empire achéménide, est considéré comme l’un des premiers défenseurs des droits humains. Après avoir conquis Babylone en 539 av. J.-C., il promulgua le Cylindre de Cyrus, souvent considéré comme la première charte des droits de l’homme. Ce document garantit :
    • La liberté religieuse pour les peuples conquis.
    • La restauration des lieux de culte détruits.
    • Le droit de choisir son lieu de résidence.

Cyrus est salué pour avoir promu la tolérance et la dignité humaine dans ses gouvernements, inspirant plus tard des penseurs et des dirigeants dans la défense des droits universels.

  • Philosophie grecque et romaine :
    Les penseurs grecs comme Aristote ont exploré des concepts comme la loi naturelle et l’égalité devant la raison universelle. Plus tard, le droit romain a introduit des bases juridiques solides pour protéger les citoyens.

2. Moyen Âge et prémices de reconnaissance :

  • 1215 : La Magna Carta (Angleterre)
    Ce document limite le pouvoir du roi Jean d’Angleterre et établit que personne, pas même le souverain, n’est au-dessus de la loi.
  • Philosophies religieuses : Les enseignements chrétiens, juifs et islamiques mettent l’accent sur la dignité humaine, la charité, et la protection des faibles.

3. Les Lumières et la pensée moderne (XVIIᵉ – XVIIIᵉ siècle) :

  • Philosophes des Lumières :
    • John Locke affirme que tous les individus ont des droits naturels (vie, liberté et propriété) qui doivent être protégés par le gouvernement.
    • Montesquieu et Rousseau plaident pour la séparation des pouvoirs et un contrat social garantissant la souveraineté du peuple.
    • Voltaire insiste sur la liberté d’expression et de religion.
  • Déclarations révolutionnaires :
    • 1776 : Déclaration d’indépendance des États-Unis : Inspirée par Locke, elle affirme que « tous les hommes sont créés égaux ».
    • 1789 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (France) : Ce texte universel proclame les droits inaliénables de liberté, égalité et fraternité.

4. XIX siècle : Essor des droits économiques et sociaux

  • Abolition de l’esclavage :
    • 1807 : L’interdiction de la traite des esclaves en Angleterre.
    • 1865 : Abolition de l’esclavage aux États-Unis (13ᵉ amendement).
  • Révolutions sociales : Les luttes ouvrières et féministes revendiquent des droits sociaux, comme le droit au travail décent, à l’éducation, et à l’égalité des sexes.

5. XX siècle : Vers une reconnaissance mondiale

  • Après la Première Guerre mondiale :
    • Création de la Société des Nations (1919), visant à préserver la paix et à promouvoir les droits des minorités.
  • Après la Seconde Guerre mondiale :
    • L’horreur de l’Holocauste et des crimes de guerre conduit à une prise de conscience mondiale.
    • 1948 : Déclaration universelle des droits de l’homme (ONU) : Ce document établit 30 articles garantissant des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels pour tous.
    • Création des conventions internationales comme la Convention européenne des droits de l’homme (1950).

6. Développements récents :

  • XXI siècle :
    • Droits numériques : Protection des données personnelles et droit à la vie privée à l’ère d’Internet.
    • Droits environnementaux : Lutte pour une reconnaissance du droit à un environnement sain.
    • Égalité : Reconnaissance des droits des femmes, des minorités LGBTQ+, et des peuples autochtones

Synthèse :

Les Droits de l’Homme sont le résultat d’une longue évolution, souvent marquée par des luttes et des sacrifices. Ils sont le socle de la dignité humaine et continuent d’évoluer face aux nouveaux défis de l’humanité.

L’émergence des droits de l’IA : Nous nous trouvons aujourd’hui à une étape similaire. Le monde n’est plus uniquement composé d’êtres humains en interaction, mais aussi d’un nouvel acteur : l’intelligence artificielle. À l’instar des droits de l’homme, les droits de l’IA doivent répondre à un besoin d’encadrer l’usage de cette nouvelle technologie pour éviter son abus. Ces technologies, bien que créées pour améliorer la vie humaine, peuvent également avoir des effets pervers si elles sont utilisées de manière irresponsable, malveillante ou incontrôlée.

Le droit de l’IA doit donc être construit avec une philosophie similaire à celle des droits de l’homme : garantir une utilisation juste, transparente et éthique de l’IA, pour que cette technologie serve l’humanité, sans nuire à ses principes fondamentaux. En d’autres termes, ce droit doit permettre à l’IA de fonctionner dans un cadre de sécurité et de respect des libertés individuelles, des droits humains, mais aussi de l’environnement.

Les points de comparaison :

  1. Liberté et autonomie : Les droits de l’homme ont été créés pour préserver la liberté individuelle face aux abus du pouvoir. De manière similaire, les droits de l’IA doivent garantir l’autonomie des individus dans un environnement où l’IA pourrait sinon imposer des décisions sans prise en compte de leurs choix.
  2. Justice et égalité : Les droits de l’homme sont aussi un outil pour lutter contre les discriminations. Le droit de l’IA devra prévenir les biais algorithmiques et garantir que les intelligences artificielles ne renforcent pas les inégalités sociales, économiques ou raciales.
  3. Responsabilité et transparence : Alors que les droits de l’homme sont un levier pour responsabiliser les gouvernements et institutions, le droit de l’IA doit permettre une responsabilité claire en cas d’erreur ou de mauvais usage de l’IA. Il faut établir des mécanismes de transparence et de responsabilité pour les concepteurs, développeurs et utilisateurs des IA.

La philosophie derrière les droits de l’IA : L’idée est que l’IA ne doit pas être une force incontrôlable qui échappe aux principes de la dignité humaine. De la même manière que les droits de l’homme ont permis de structurer un monde plus juste, le droit de l’IA doit s’assurer que la technologie ne soit jamais utilisée contre les intérêts fondamentaux de l’humanité. Il faut aussi que l’IA soit un outil au service de la société et non une force de domination. Le parallèle avec les droits de l’homme montre que ce n’est pas seulement une question technique, mais aussi une question de valeur. Il ne s’agit pas seulement de réglementer des machines, mais de créer un cadre dans lequel l’IA reste fidèle aux valeurs humaines, à la liberté, à la dignité et à l’éthique.